lundi 25 avril 2011

la cuisine du cerveau

J’aime cuisiner, mais depuis que je suis ici c’est la croix et la bannière pour faire ne serait-ce que de la pâte à crêpe… « Mais pourquoi ? », vous vois-je déjà vous étonner, la salive à la bouche à l’évocation des crêpes et l’interrogation qui frise au fond de l’œil…
« Et bien, à cause de leur système de mesure tout pourri », m’écrirai-je, pointant d’un doigt vengeur (non, pas celui-là) ma recette d’un côté et mon paquet de farine de l’autre !
Il faut savoir que dans n’importe quel domaine de la vie courante, on se trouve confronté à ce problème d’unités.
C’est à se demander comment on peut diriger le monde avec un système aussi pourri !
Imaginez les plus grands cerveaux américains réunis dans une salle top secrète du pentagone :
« Tiens, si on comptait tout comme les européens, mais avec des unités qu’ils pourront jamais comprendre ? – Ah ouais, trop bonne idée ! – Et on aurait qu’à les diviser par 12 ou par 16, ce serait encore moins logique et encore plus diabolique ! –Oh et puis on pourrait leur donner des noms idiots comme once et son raccourci ça serait lb, comme ça personne ne verrait le rapport ! – Bonne idée, on pourrait aussi utiliser quatre mots différents pour traduire une distance, on a qu’à dire pouce, pied, yard et miles…- oui, c’est pas mal ! -Mouhahahaha (rire démoniaque de savant fou américain) »

Donc, résumons :
Je veux faire disons un gâteau… (et pourtant c’est pas mon genre)
Je vais chercher une recette parmi les livres de cuisine que j’ai ramené de France. Sinon, ça aurait servi à rien et c’est pas les plus légers… Donc, je me tourne vers des valeurs sûres : mes bouquins.
Première difficulté : « verser 200 grammes de farine », me dit ma bible culinaire… J’ai beau regarder mon paquet de farine dans le blanc de l’emballage, lui, il me dit « Hinhin, je pesai 5 lb net quand tu m’as acheté »
Voici les instruments indispensables pour cuisiner aux US. La plus grosse, c’est une cup. Le reste se divise en ½, 1/3 et ¼ de cup.

Pour convertir les grammes en cup, j’utilisais internet, jusqu’à ce que mon merveilleux petit mari me concocte une table de conversion.
Mais les ennuis culinaires ne sont pas finis…
Si par exemple, ensuite ma recette me dit «  Mettez votre four à préchauffer à 180 degrés ».
Je dois également convertir les Celsius en fahrenheits. Donc une fois qu’on sait que 180°C=356°F, c’est beaucoup plus facile.
Mais il reste encore d’autres éléments à gérer.
Par exemple le beurre…

Ça aurait été beaucoup trop simple de convertir son poids en grammes ou même en once…
Non, il me le donne en tablespoon (cuillère) ou en cup…
Ensuite ma même recette française me demande d’ajouter de la levure à mon gâteau.
Je panique, je suffoque, je n’en ai pas acheté !!
Mais heureusement, les américains ont pensé à tout :

C’est de la self rising Flour : ce qui signifie que la levure est directement ajoutée à la farine.

Finalement, tout est bien qui finit bien, je parviens à faire mon gâteau et … il s’avère mangeable…
Heureusement que je suis une active adepte de la cuisine dite créative, voire expérimentale.
La pâtisserie c’est beaucoup trop technique pour moi… En plus, si maintenant il faut savoir compter, ça devient compliquer… De toutes façons, je préfère le salé !

Sinon, j’ai acheté une revue de cuisine pour ne pas rester en reste face à la gastronomie américaine :


J’essaye de vous traduire quelques extraits de la recette du gratin parce que c’est vraiment drôle :
Réchauffer le four à 375°. Beurrer un moule ovale (ou rond) avec un spray culinaire antiadhérent. (En fait, c’est du beurre en spray, oui, ça existe ici. Il faut juste penser à pas mettre le déo à coté.)
Placer une mandoline à poignée (que vous pouvez acheter sur oxo.com ou dans un magasin d’ustensiles de cuisine pour 20 dollars) au dessus d’un large bol. Placer une pomme de terre sur le trancheur et sécuriser avec le loquet. Avec un mouvement de va et viens, trancher prudemment la pomme de terre en tranche épaisse d’un huitième de pouce (aller comprendre combien ça fait en mm). A la place, vous pouvez trancher la pomme de terre avec un couteau sur une planche à découper. Répeter l’opération avec toutes les pommes de terre…
Je m’arrête là parce que c’est laborieux… Mais ça vous donne une idée de la mentalité…
Entre pub cachée et évidence. Ce n’est même pas qu’ils prennent la ménagère pour une cruche, c’est juste qu’ici on dit tout (même ce qui semble évident pour des français), on insiste sur la sécurité (comme ça s’il y a un procès à cause d’un doigt coupé, on pourra toujours dire, « vous étiez prévenu ! »)