J’aime
cuisiner, mais depuis que je suis ici c’est la croix et la bannière
pour faire ne serait-ce que de la pâte à crêpe… « Mais
pourquoi ? », vous vois-je déjà vous étonner, la salive
à la bouche à l’évocation des crêpes et l’interrogation qui
frise au fond de l’œil…
« Et
bien, à cause de leur système de mesure tout pourri »,
m’écrirai-je, pointant d’un doigt vengeur (non, pas celui-là)
ma recette d’un côté et mon paquet de farine de l’autre !
Il
faut savoir que dans n’importe quel domaine de la vie courante, on
se trouve confronté à ce problème d’unités.
C’est
à se demander comment on peut diriger le monde avec un système
aussi pourri !
Imaginez
les plus grands cerveaux américains réunis dans une salle top
secrète du pentagone :
« Tiens,
si on comptait tout comme les européens, mais avec des unités
qu’ils pourront jamais comprendre ? – Ah ouais, trop bonne
idée ! – Et on aurait qu’à les diviser par 12 ou par 16,
ce serait encore moins logique et encore plus diabolique ! –Oh
et puis on pourrait leur donner des noms idiots comme once et son
raccourci ça serait lb, comme ça personne ne verrait le rapport !
– Bonne idée, on pourrait aussi utiliser quatre mots différents
pour traduire une distance, on a qu’à dire pouce, pied, yard et
miles…- oui, c’est pas mal ! -Mouhahahaha (rire démoniaque
de savant fou américain) »
Donc,
résumons :
Je
veux faire disons un gâteau… (et pourtant c’est pas mon genre)
Je
vais chercher une recette parmi les livres de cuisine que j’ai
ramené de France. Sinon, ça aurait servi à rien et c’est pas les
plus légers… Donc, je me tourne vers des valeurs sûres : mes
bouquins.
Première
difficulté : « verser 200 grammes de farine », me
dit ma bible culinaire… J’ai beau regarder mon paquet de farine
dans le blanc de l’emballage, lui, il me dit « Hinhin, je
pesai 5 lb net quand tu m’as acheté »
Voici
les instruments indispensables pour cuisiner aux US. La plus grosse,
c’est une cup. Le reste se divise en ½, 1/3 et ¼ de cup.
Pour
convertir les grammes en cup, j’utilisais internet, jusqu’à ce
que mon merveilleux petit mari me concocte une table de conversion.
Mais
les ennuis culinaires ne sont pas finis…
Si
par exemple, ensuite ma recette me dit « Mettez votre four à
préchauffer à 180 degrés ».
Je
dois également convertir les Celsius en fahrenheits. Donc une fois
qu’on sait que 180°C=356°F, c’est beaucoup plus facile.
Mais
il reste encore d’autres éléments à gérer.
Par
exemple le beurre…
Ça
aurait été beaucoup trop simple de convertir son poids en grammes
ou même en once…
Non,
il me le donne en tablespoon (cuillère) ou en cup…
Ensuite
ma même recette française me demande d’ajouter de la levure à
mon gâteau.
Je
panique, je suffoque, je n’en ai pas acheté !!
Mais
heureusement, les américains ont pensé à tout :
C’est
de la self rising Flour : ce qui signifie que la levure est
directement ajoutée à la farine.
Finalement,
tout est bien qui finit bien, je parviens à faire mon gâteau et …
il s’avère mangeable…
Heureusement
que je suis une active adepte de la cuisine dite créative, voire
expérimentale.
La
pâtisserie c’est beaucoup trop technique pour moi… En plus, si
maintenant il faut savoir compter, ça devient compliquer… De
toutes façons, je préfère le salé !
Sinon,
j’ai acheté une revue de cuisine pour ne pas rester en reste face
à la gastronomie américaine :
J’essaye
de vous traduire quelques extraits de la recette du gratin parce que
c’est vraiment drôle :
Réchauffer
le four à 375°. Beurrer un moule ovale (ou rond) avec un spray
culinaire antiadhérent. (En fait, c’est
du beurre en spray, oui, ça existe ici. Il faut juste penser à pas
mettre le déo à coté.)
Placer
une mandoline à poignée (que vous pouvez acheter sur oxo.com ou
dans un magasin d’ustensiles de cuisine pour 20 dollars) au dessus
d’un large bol. Placer une pomme de terre sur le trancheur et
sécuriser avec le loquet. Avec un mouvement de va et viens, trancher
prudemment la pomme de terre en tranche épaisse d’un huitième de
pouce (aller comprendre combien ça fait
en mm). A la place, vous pouvez trancher
la pomme de terre avec un couteau sur une planche à découper.
Répeter l’opération avec toutes les pommes de terre…
Je
m’arrête là parce que c’est laborieux… Mais ça vous donne
une idée de la mentalité…
Entre
pub cachée et évidence. Ce n’est même pas qu’ils prennent la
ménagère pour une cruche, c’est juste qu’ici on dit tout (même
ce qui semble évident pour des français), on insiste sur la
sécurité (comme ça s’il y a un procès à cause d’un doigt
coupé, on pourra toujours dire, « vous étiez
prévenu ! »)